Réagir face à un traumatisme psychique

On apprend les gestes de premier secours pour préserver l’intégrité physique d’une personne, mais qu’en est-il des premiers secours émotionnels? Que peut-on faire pour éviter l’hémorragie ? Ne pas aggraver ses blessures ? Les aider à cicatriser ?
Souvent les personnes viennent me voir en me disant « c’est pas grave », « c’est juste du stress », « j’ai eu plus de peur que de mal », « c’est la vie ». Je leur réponds « si c’est grave : à l’échelle de votre vécu personnel, compte tenu votre sensibilité, c’est un événement majeur qui a des répercussions importantes ».

Un traumatisme c'est quoi?

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 Un traumatisme peut arriver suite à un choc physique (ex : accident) et/ou psychique (ex : abus). Il peut être lié à un événement réel qui nous est arrivé, mais également à une situation qui a failli nous arriver (ex : j’ai cru percuter le camion), dont nous avons été le témoin direct (ex : j’ai vu l’agression) ou indirect (ex : video violente). Il peut être lié à un événement qui n’a pas de réalité physique (faux diagnostic médical, accusation à tort). Le fait que nous lui accordions du crédit lui donne une réalité.

 

Nos réactions émotionnelles et physiques sont quant à elles bien réelles.

Les enfants sont particulièrement sensibles. Il peut y avoir des réactions traumatiques quasiment identiques chez un enfant abusé ou un enfant qui a senti qu’un adulte a eu la volonté, consciente ou inconsciente, de l’agresser violemment sans être passé à l’acte.

Quand nous réagissons violemment à une situation (ex : scène violente) c’est généralement qu’elle réveille des traumatismes ancrés chez nous (ex : violences conjugales), dans notre famille (ex : femmes battues). Que nous en ayons ou non connaissance, les mémoires familiales et collectives (ex : mémoires de guerre) sont enfouies dans notre inconscient.

Comment se manifeste un traumatisme?

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Ce qui caractérise les traumatismes, quel que soit leur degré, n’est donc pas la situation, mais la réaction provoquée chez la personne qui, dans tous les cas, répond au même processus.

Saturation sensorielle

Au moment du choc nos cinq sens (vision, ouïe, toucher, odorat, goût) sont saturés. Nos sensations sont amplifiées, nous gardons une mémoire nette de la scène, des ressentis émotionnels (ex : peur), des effets physiques associés (ex : frissons), des pensées du moment (ex : je vais mourir).

Réactions instantanées

Quand notre cerveau reptilien est saturé, afin d’éviter de disjoncter, il dévie instantanément cette surcharge d’information, d’énergie, au niveau du système nerveux neurovégétatif (ex : sciatique, douleur d’estomac), du système endocrinien (ex : thyroïde), des ganglions neuro-végétatifs appelés également chakras.

Cette réaction est involontaire, instantanée, comme le chat qui hérisse ses poils de peur. C’est la raison pour laquelle, même si la situation se révèle à posteriori non dangereuse, elle peut quand même nous impacter.

Conséquences

Les blocages physiques peuvent donc se situer dans n’importe quelle zone du corps. Ils sont en lien avec la situation, son contexte (ex : placage au sol/ douleur d’épaule), sa symbolique liée à notre ressenti (ex : j’étais sans voix/ j’ai une extinction de voix).

Au niveau psychologique, la personne a tendance à rester bloquée sur la scène, à se la repasser en boucle et à ressentir une saturation sensorielle à son évocation.

Le fait d’avoir été passif (ex : j’étais figé, j’ai pas réagi) dans une situation aggrave le traumatisme.

Les conséquences sont en lien avec l’intensité du traumatisme (ex : décès violent d’un proche), sa fréquence (ex : harcèlement quotidien), sa durée (ex : violences conjugales depuis dix ans) et le terrain de la personne concernée (ex : enfant battu).

 

Comment réagir face à un traumatisme?

Si le traumatisme est grave, ancré, demander de l’aide à un professionnel peut être essentiel. Néanmoins, certains réflexes simples permettent de diminuer l’impact des traumatismes chez soi et les autres.

Reconnaître l’émotion. Aucune émotion n’est illégitime. Permettre à l’émotion de s’exprimer diminue la charge émotionnelle liée au traumatisme et donc ses conséquences.

Pratiquer l’écoute bienveillante

Ce qu’attend en priorité une personne en état de détresse n’est pas un conseil, mais simplement une oreille bienveillante, une personne qui l’écoute pleinement, sans la juger, qui reconnaît ce qu’elle a vécu, lui permet de l’exprimer et de libérer ses émotions.

Même si vous ne comprenez pas pourquoi la personne a mal vécu une situation, que cela ne vous semble pas légitime par rapport à votre système de valeur, laissez-la exprimer son ressenti, reconnaissez-le.

La négation (ex : c’est pas important), le dénigrement (ex : fais pas ton sensible), les comparaisons inappropriées (ex : t’as pas à te plaindre y a pire) augmentent la détresse de la personne, la réduisent au silence et augmentent la somatisation du traumatisme.